- Maluma Cervantes
Le regard faussement plongé sur sa tablette, il ne faisait pas vraiment la différence entre tous ces ex soldats, policiers ou autres escrocs vendant une possible expérience d’espion au service d’un quelconque royaume. Seulement quelques unes retenaient difficilement son attention, il fallait bien choisir quelqu’un. C’était sans la moindre vergogne qu’il avait jeté son dévolu sur un ancien inspecteur souhaitant accéder au poste à haute-responsabilité. Quelque part, il avait toujours eu un peu d’admiration pour ces hommes qui ne recevaient que rarement les lauriers qui leur étaient dus. Sans doute à raison, allez savoir.
Ses pas le menaient vers ce qu’on pouvait appeler une salle d’attente. Espace où une seule personne attendait et pouvait bénéficier d’un confort considérable, à la hauteur de l’emploi qui serait pourvu par la suite. D’ailleurs, il n’y avait que peu d’attente. Le chef d’entreprise avait toujours été quelqu’un de très carré, très ponctuel. Ses iris quittèrent alors l’appareil électronique pour faire face au premier candidat - et espérait-il être le seul.
▬ M. Louissaint ? - s’exprimait-il clairement - Veuillez me suivre, je vous prie.
Le serrage de main n’était pas proposé, s’encombrer de formalités pareilles n’était pas du goût de notre protagoniste. Maluma ne prenait certainement pas la direction de son bureau mais celle de l'ascenseur. Un entretien marginal était d’un ennui profond, il avait ce besoin de bouger mais aussi de montrer l’essentiel du rôle qu’il offrait à qui était assez bon pour l’endosser.
▬ Je préfère être transparent avec vous dès le début : votre passé ne m’intéresse pas et encore moins votre avenir.
Cela était vrai. Cet homme pouvait mourir deux mois plus tard, ça ne l’affecterait en aucune manière. Ils entraient dans la cage métallique qui menait aux sous-sols méconnus du bâtiment. Au delà des apparences, il pouvait descendre un peu plus loin que ce qui était indiqué sur son panneau d’affichage.
▬ Néanmoins, il va de soi que je vais avoir besoin de m’assurer que vous êtes bien l’homme que je recherche. - une clope ramenée au bec ; il l’allume et commence à la savourer - Jusqu’où seriez-vous prêts à aller pour accomplir votre devoir ?
Aucun regard échangé, il était concentré sur sa tablette en attendant une réponse mais aussi que la porte s’ouvre. On ne faisait pas plus "corporate" que lui (
- Invité
pour le job
À peine arrivé au sein de cette nouvelle région nommée Nerova que Yaël cherchait un emploi. Si sa situation professionnelle était désormais fantomatique, il pouvait aisément se priver d'un travail. En effet, ses dépenses précédentes étaient relativement minces ; il pouvait se permettre de nombreux mois de vacance en vivant avec l'argent qu'il avait économisé. Une décision logique pour quelqu'un qui avait énormément subi personnellement. Mais il ne voulait rien entendre. Peu importe tout ce qu'il avait traversé, il souhaitait de nouveau s'enfermer dans une spirale infernale. Selon lui, il ne pouvait que se diriger vers ce choix ; triste nouvelle pour quelqu'un qui désirait un tout nouveau départ.
Le Louissaint décida de s'orienter vers le secteur privé. La plupart des ex-militaires et policiers faisaient souvent ce choix après avoir honorablement servi. C'était donc la voie la plus logique pour l'ancien inspecteur qui était encore réticent à l'idée d'intégrer un tout nouveau corps de police. D'autant plus que le poste visé était à haute-responsabilité. Tout ce dont Yaël avait besoin ; une attente importante afin de prouver à lui-même qu'il était le meilleur de sa génération.
Professionnel comme toujours, il s'était rendu au lieu de rendez-vous trente minutes à l'avance. Le simple fait de le regarder pouvait donner bonne impression ; une tenue propice à l'événement, une coupe de cheveux dans les règles de l'art et une barbe taillée au millimètre près. Le regard des gens était important et il était capital d'être bien vu dans les premières secondes d'une rencontre. L'attente ne fut pas spécialement longue ; il s'occupait en lisant la quotidienne et celui qui le recevait était plus que ponctuel.
Très rapidement, Yaël prit conscient de l'ambiance qui régnait en ces lieux, du moins, celle que désirait la personne qui se chargeait d'entretien. Les formalités n'étaient pas au rendez-vous et s'installer dans un bureau pour mener l'entretien n'était pas nécessaire. Cela ne dérangeait pas spécialement le Louissaint, au contraire, il appréciait la situation dans laquelle il se trouvait. Et ça se voyait. Les émotions négatives n'étaient pas dans ses gênes ; il ne montrait pas une once de panique. C'était d'ailleurs tout le contraire, il paraissait plutôt à l'aise et serein.
La transparence du directeur était appréciable. Le passé de l'ancien inspecteur ne lui intéressait pas et tant mieux ; Yaël était ici pour parler du présent et se projeter dans l'avenir. À l'entente de la première question, un sourire se dessina sur son visage, sourire qu'il effaça aussi tôt. La réponse, elle, fut immédiate. Aussi loin que vous le voudrez, monsieur. Il regardait du coin de l’œil son interlocuteur en reprenant. Le règlement est mon point d'appui. Je me réfère à celui-ci pour mener mes missions dans les règles de l'art. Mais je suis prêt à contourner les règles, même les briser. À partir du moment où mon devoir est accompli et que les conséquences n'atteignent que moi, la suite ne m'intéresse pas réellement. Les bases étaient posées, celles d'un de quelqu'un qui ne connaissait pas le regret. Tout ce qui comptait était la réussite de sa mission.
- Maluma Cervantes
▬ Vous m’avez tout l’air d’être un homme de devoir et je respecte ça.
La porte de l’ascenseur s’ouvrait et laissait place à une succession de pièces stérilisées au possible. Sans avoir 150 de QI, on pouvait deviner - sans doute après un petit moment passé ici - que c’était l’un des lieux qui étaient concernés par l’offre d’emploi. Mettant sa tablette en mode veille, il la confia à un des chercheurs du coin avant de poursuivre la visite en conviant l’invité à l’accompagner.
▬ Voyez-vous, ces hommes et ces femmes travaillent d’arrache-pied pour trouver de nouvelles recettes, de nouveaux mélanges. Tous ont des motivations différentes pour rester ici malgré la pression. - surtout qu’un homme peu scrupuleux risque de les chaperonner sous peu - Mais elles n’attirent pas mon attention. Je ne crois qu’en l’argent et en la réussite. Le reste, je le laisse aux bien pensants.
Un zeste de suffisance pouvait clairement se ressentir dans son ton. L’homme s’était fait tout seul et ses yeux ne se posaient que sur ceux qui en faisaient de même. Se croyant grand, il n’observerait que les grands de ce monde. Les petits, il ne les avait que trop côtoyés. Et pour tout dire, il commençait doucement (mais sûrement) à les voir en horreur.
▬ C’est donc tout ce que vous gagnerez ici : une enveloppe considérable et de la reconnaissance.
Le décor changeait peu à peu et les personnes en blouse blanches avaient commencés à laisser place à des individus que notre cher Louissaint aurait très bien pu faire enfermer jadis. Non pas qu’il s’agissait là d’individus foncièrement criminels, ils ne faisaient qu’accomplir leur tâche - tant qu’ils ne la jugeaient immorale, en imaginant qu’ils pouvaient en avoir une d’ailleurs. D’aucuns ne se dévisageaient ou regardaient de travers qui que ce soit, ils étaient ici pour leur capacité à agir discrètement et avaient sans doute le parti pris de se comporter comme tel sur leur lieu de travail. Le Cervantes se disait qu’ils devaient apprendre à se détendre un peu mais du moment que le travail était fait…
▬ Chacun d’entre eux désire prendre la place que vous êtes venus chercher. Je ne vous cache pas qu’ils sont tous compétents à leur manière mais pour tout vous dire, leur manière de faire les choses n’a rien de… propre.
Montrant élégamment un support, faisant pour la première fois face à Yaël, Maluma l’invitait à concentrer sur attention sur quelque chose.
▬ Je suppose que vous savez vous en servir.
Il s’agissait là d’un ancien modèle de pistolet semi-automatique de bonne fabrique - Beretta 92. La marque avait subsisté au travers du progrès mais on pouvait parler d’arme de collection vu qu’elle avait sans doute passé le siècle d’existence. Le directeur avait le bon goût de certaines possessions bien vieilles. Il existait bon nombre de concepts et visuels indémodables, ce cracheur de balles en faisait partie. Ses rouages s’étaient sans doute bloqués avec le temps, son fonctionnement pouvait être remis en cause.
▬ Vous sentiriez-vous à l’aise avec ?
Il insinuait évidemment le fait de s’en servir. Rien n’était conventionnel dans cet entretien, le temps ne se rachetait pas donc il fallait être bref mais consciencieux. Si le Louissaint préférait autre chose, il avait tout le loisir de s’exprimer à ce sujet. Sur un malentendu, cela pourrait faciliter la suite.
- Invité
pour le job
Un homme de devoir. Oui, avec le temps, il l'était devenu. Yaël n'avait jamais prévu son intégration au sein de la police. Du moins, pas aussi rapidement. Le patriotisme était une notion inexistante, il ne descendait pas spécialement d'une famille policière ou militaire et son père avait tout l'air d'une crapule. Non, sa motivation était idiote. Mais au fils du temps, il avait appris à apprécier sa profession. Le regard des gens changeait considérablement et le sentiment d'être vu comme un héros était indescriptible. Alors il s'était promis d'être intègre, de suivre le règlement au pied de la lettre. Une promesse malheureusement brisée qui changea sérieusement sa vision des choses. Pouvait-il réellement rester intègre comme il le souhaitait ? Ne devait-il pas faire tout ce qu'il pouvait pour réussir ses missions, quitte à se faire réprimander ? Certainement. Après tout, c'était ce qu'on attendait de lui.
L'entrevue continuait naturellement et les deux hommes vagabondaient dans les locaux. Yaël appréciait la personnalité de Cervantes. Une vision assumée qui ne reposait que sur deux facteurs ; l'argent et la réussite. Et il avait raison. Ce n'était pas un défaut et c'était loin de l'être ; c'était la clé de son succès. Et il ne pouvait qu'être respecté pour ça. À contrario, le Louissaint n'avait encore rien fait de concret. Il restait relativement jeune et restait selon lui, destiné à de grands événements. C'est tout ce dont j'ai besoin, monsieur. En effet, il ne souhaitait rien de plus. Une enveloppe généreuse pour subvenir à ses besoins et bénéficier d'un confort non-négligeable. Une reconnaissance pour prouver qu'il était bel et bien le meilleur dans ce qu'il faisait. Le secteur privé qui lui était inconnu le charmait d'ores et déjà.
La suite l'amena à mettre la main sur une arme à feu ; un pistolet semi-automatique. Bien évidemment, l'armement ne lui était pas inconnu tout comme son utilisation. Naturellement. D'un geste de la main, il harponna le beretta 92 en dirigeant le canon vers ses concurrents. Une fraction de seconde était réservée pour chacune des personnes susceptibles d'avoir le poste, comme s'il éliminait l'ensemble des candidats. Tout le monde a ses manières de faire. L'occasion de rebondir sur ces malfrats. Du moment que la mission est réalisée et que les problèmes ne suivent pas derrière, je suppose que vous accordez peu d'attention à ce qu'ils font. Il se retourna vers le support pour y déposer l'arme. Ma manière de faire est différente et utiliser une arme signifierait que mes méthodes ne connaissent pas un franc succès. Autant vous dire que je ne me permets pas d'erreur. Il était loin d'être mal à l'aise en portant une arme à feu. Bien au contraire, d'ailleurs, il n'était pas contre de la récupérer et de la garder. Néanmoins, dans un milieu où la discrétion était capitale, utiliser cette puissance de feu était synonyme d'incompétence. Enfin, c'était la vision du Louissaint. Pourtant, il était conscient des facteurs amenant obligatoirement à l'utilisation d'une arme.
Il se focalisa de nouveau vers le directeur. Il songeait sérieusement à tacler ses concurrents, mais la manière dont il s'était vendu suffisait. Du moins, pour le moment.
- Maluma Cervantes
▬ Vous piquez ma curiosité, Louissaint. - il libère sa cigarette de ses lèvres, en crache un peu de fumée - En quoi consiste vos méthodes ?
Le Cervantes laissait s’échapper - avec très peu de subtilité - un mouvement mimant un débarras de la main tenant sa cigarette. Deux hommes se déplacèrent sans se presser jusqu’à la porte de sortie principale pour fermer la porte menant à l’endroit où ils étaient puis en verrouillèrent l’accès. Quelques instants de flottement voulus s’imposaient. Les regard plongé dans celui du postulant, Maluma tentait de sonder l’homme qui lui faisait face. Sans grand succès. Et autant dire que si lui n’y parvenait pas après un peu de discutaille et une parodie de baston de regard, rares seraient ceux qui pourraient réussir. Parfait, cela le conforterait dans le fait de le choisir, bien que cela pouvait être déstabilisant.
▬ Vous avez absolument raison : du moment que la mission est réalisée et que les problèmes ne suivent pas derrière, je n’accorde que peu d’attention à ces dernières.
En vérité, il n’y accordait même aucune. Quelqu’un qui performait se devait d’être récompensé. Quant aux autres… L’Histoire parlait de ceux-là, elle les nommait bien trop souvent les perdants. Et le directeur ne recherchait que des numéro 10 pour sa team.
Les employés de l’ombre saisissaient brutalement l’une des leur avant de venir plaquer son buste (et ainsi son visage) sur le support où l’arme était déposée, elle accusa un soubresaut en réponse à cela. Décidément…
▬ Admettons ! - en écartant ses mains ; il aimait les petites mises en scènes ; et en se déplaçant très lentement autour du support, il poursuit - Admettons que cette femme travaille pour une société concurrente et assez véreuse.
Rien de mal à cela.
▬ Mais ! qu’elle ait consciemment décidé de prendre pour travail d’être embauché ici, de gravir les échelons et le moment venu… - sa main glisse dans une des poches de la femme et en ressort un papier qu’il ne prend pas la peine de lire, il le jette entre l’arme et sa tête - … décide de révéler quelques informations, disons… - il agite sa main libre de tout objet de fumée l’air d’imiter un “coussi coussa” - sensibles au sujet de ma compagnie.
Bien qu’il tendait à montrer qu’il pouvait être mentalement instable, il n’affichait qu’un léger sourire en regardant sa proie du jour. Portant une ultime fois sa clope au bec, il tira une latte avant de terminer sa question, la même qu’il avait posé quelques minutes auparavant finalement.
▬ Qu’est-ce que vos méthodes préconiseraient ?
La femme se débattait et le peur se lisait clairement dans ses yeux. La dignité lui permettait au moins de ne pas supplier pour sa vie, c’était déjà ça de pris avant de possiblement rejoindre le royaume du Tout-Puissant.
- Invité
pour le job
Parfait. Pour le moment, tout se déroulait parfaitement pour Yaël. Le directeur semblait montrer de l'intérêt ce qui s'illustrait plus ou moins comme une réussite. Mais cela annonçait surtout qu'il allait s'intéresser davantage au candidat qui devait donc être encore plus percutant. Mes méthodes sont nombreuses. Tout dépend du cas de figure. Il faut une solution à chaque problème, tout comme il faut savoir s'adapter à chaque situation. Certes, il avait ses procédures. Mais elles devaient être modifiables et évolutives. Et ça, il l'avait justement appris durant sa carrière d'inspecteur. Un dossier n'était jamais le même. S'il pouvait adopter la même introduction, la suite devait être cohérente avec le sujet. Voilà la différence entre un bon inspecteur et un mauvais qui préférait uniquement s'appuyer sur les approches banales.
Les mains enterrées au fond de ses poches, l'ancien inspecteur se focalisait sur les faits et gestes tout autour de lui. Une mise en situation. Voilà quelque chose d'intéressant. Un petit jeu que Yaël adorait tout particulièrement, car cela lui permettait de développer ses idées. Le contexte était présenté. Une femme qui travaillait et qui avait pris volontairement la décision de publier des informations confidentielles. Avant de prononcer quoi que ce soit, il s'intéressa naturellement au bout de papier propulsé par Cervantes. Des photographies suivirent peu de temps après. Le cas qui se présentait actuellement restait-il de la parodie ou le Louissaint réalisait d'ores et déjà sa première mission ? Très intéressant, l'excitation ne pouvait que monter.
Il était temps de commencer. Je vous expliquais qu'utiliser mon arme était synonyme d'erreur. Parce que mes méthodes consistent justement à mettre fin à la menace avant qu'elle se décide de passer à l'action. Concrètement, Yaël s'estimait capable d'anticiper ces situations. Néanmoins, il fallait les ressources nécessaires et cela passait surtout par la main d'œuvre importante. Maintenant, il faut se poser la question suivante : est-il judicieux de sanctionner cette femme maintenant ? La réponse est non. Dit-il en accordant un regard à la dame non loin de lui. Nous savons ce qu'elle a fait. Mais elle est ici, avec nous. Dès lors, ce n'est plus quelqu'un de dangereux. Il mit la main sur les photographies montrant la femme et les hommes. À l'heure où nous parlons, ces hommes sont notre priorité. Il se présenta alors face à la femme, loin d'avoir une expression menaçante. Non, le Louissaint était plutôt le genre de personne très cordiale, même avec son pire ennemi. Il aimait jouer ce rôle sympathique, car il savait à quel point cela avait ses avantages. Les accords sont nos meilleurs alliés. Voyez-vous, monsieur. Nous pourrions absolument offrir une chance à cette femme. Une chance de coopérer, de collaborer pour se rattraper. Dans un cadre pénal, un accord pareil peut lui valoir une réduction de peine, voire même un blanchissement. Dans un cadre bien plus privé comme celui-ci... Lui sauver la vie. Ce qui semblait être une conclusion laissa place à un blanc volontaire ; il reprit directement. Mais tout ceci se base sur la situation présentée. Après tout, les photographies n'ont peut-être rien à voir avec notre cas. Les éléments que nous possédons doivent être fiables. À partir de là, il pouvait s'arrêter. Si cette femme était bien coupable, alors il fallait l'utiliser ; elle n'était plus hostile. Néanmoins, Yaël restait sur ses gardes ; il ne possédait pas tous les détails, ce qu'affirmait ses dernières paroles.
- Maluma Cervantes
▬ …
Dans le silence, le Cervantes analysait, décortiquait et cherchait une conclusion. Les paroles de cette personne n’étaient pas totalement dénuées de sens, bien que le président avait gravis les échelons un peu à la sueur de son front mais aussi et surtout au sang de ses détracteurs. Rares étaient ceux qui désiraient s’en prendre à son empire - et à raison. Mais il savait quand modifier sa façon de faire ou emprunter un nouvel angle de vue, pouvant dès lors s’accorder la vue de nouvelles perspectives. C’était ainsi que les grands bonhommes de ce monde l’étaient (grand) et aucuns d’entre eux n’y étaient parvenus seuls. Semblerait-il que Maluma ne pouvait déroger à la règle, à moins qu’il n’était l’exception la confirmant ? En toute clarté d’esprit, il ne laissait que peu de place à la chance ou au hasard dans ses plans. C’était donc une possibilité mise de côté, pour l’instant.
▬ L’on dit de l’Homme qu’il est devenu ce qu’il est aujourd’hui à force d’adaptation et de remise en question. - il inspire avant de souffler sur les cendres de sa clope sans pour autant les faire tomber, comme jouant avec un danger imaginaire - Vos paroles décrivent l’Histoire, ou tout du moins en font une analogie fort plaisante.
Beaucoup pourraient croire que l’ancien inspecteur serait de ceux qui ne pourraient appuyer sur une détente ou bien frapper un bon coup sec armé d’un surin. Et c’était bien possible, à vrai dire. Mais la clarté du discours et les mimiques ne tendaient pas à tromper le Cervantes, bien au contraire. Ou alors l’homme en face de lui était un acteur exemplaire et pouvait tout aussi bien avoir une utilité des plus estimables. Le potentiel n’était pas ce qu’il manquait et évidemment qu’un doute pouvait toujours persister, c’était autour de cela que tournait un entretien d’embauche. Il en existait deux types : celui où le postulant cherchait à tromper son futur employeur et celui où c’était l’inverse. Et si aujourd’hui ne faisait point partie d’un de ces cas de figure ? C’était donc que la situation ressemblait plus à la mise en place d’un accord, ce dernier étant couvert d’un sous-texte conséquent.
Je ne pourrais témoigner complètement de votre intellect qu’une fois vous avoir vu à l’oeuvre. - il est un tantinet curieux - Mais en toute honnêteté, ce que je vois me convient. Transformer une arme hostile en outil pour soi ou bien la retourner contre son assaillant, c’est une chose qui retient mon attention.
La femme était toujours plaquée contre le support, ne sachant sans doute pas quoi dire ni comment se comporter. Mais une chose était sûre : c’est qu’elle voyait en Yaël un possible sauveur donc il semblerait que ses actes allaient dans le sens du raisonnement de celui-ci.
▬ J’ai toujours été quelqu’un de plutôt expéditif. - la vie ne laisse pas toujours le choix, du moins à ses débuts - Accordons du crédit à vos paroles : si vous pensez être à la hauteur de manigances mettant en oeuvre les têtes pensantes de la région, vous prendrez la tête de cette unité.
La cigarette était terminée, il l’écrasa sur un cendrier un peu trop raffiné pour ce qui était en train de se passer. Une main tendue une fois devant son interlocuteur, il poursuivait.
▬ Cela prendrait effectivement effet de suite. - un défi lancé ? - M. Louissaint, Directeur du Pôle de Sécurité de la Campañía Cervantes.
Signer les formulaires se ferait un peu plus tard, il en aurait tout le loisir de s’y adonner dans le bureau ou bien les appartements de fonction qui lui étaient si gracieusement laissés à son entière disposition un peu partout au sein de Nérova. La responsabilité de ces hommes et ces femmes, ainsi que de la traîtresse lui était (aussi) mis sur les épaules.
- Invité
pour le job
L'adaptation. En effet, c'était sans doute la clé de la réussite pour l'homme. Aujourd'hui, il était impératif de s'adapter à tout type de situation. Peu importe le cas, peu importe la profession. De cette manière, les scénarios les plus complexes pouvaient être déjoués et retourner contre-eux ; comme c'était le cas avec cette fameuse demoiselle. Yaël en avait d'ailleurs fait mention lors de son discours et ce n'était pas pour rien. Quelqu'un avec une expérience comme la sienne savait bien à quel point cet aspect était important. Notamment dans un tout nouvel environnement comme celui qu'il souhaitait explorer.
Forcément, les actions valaient mieux que des paroles. Notamment lorsqu'elles étaient longues et Yaël comptait bien prouver qu'il savait aussi bien agir que penser. La théorique fut son quotidien lors de ses débuts au sein du corps d'investigation ; des manuels interminables, des cours, des épreuves écrites. Un véritable calvaire qui lui permettait ensuite d'appliquer tout directement sur le terrain. Une base de donnée non-négligeable qui lui offrait une bonne base, le tout couplé à sa propre vision des choses et sa manière de faire, cela laissait place à un mélange palpitant.
Le directeur semblait avoir adopté l'ancien inspecteur ; en voilà une bonne nouvelle. En revanche, Yaël était conscient que ce n'était qu'une étape parmi tant d'autres. Cette entrevue n'était rien par rapport à ce qu'il devait accomplir pour l'immense empire monté par Cervantes. Le plus dur était loin d'être fait. Une main tendue que le Louissaint se pressa de saisir. Directeur du pôle de sécurité ; ça sonnait bien. Il lui était déjà arrivé d'être à la supervision d'une unité spéciale dans le cadre d'une enquête. Cette fois-ci, c'était différent. Mais il comptait bien prouver à son nouveau patron qu'il avait fait le bon choix. Le défi était relevé. Merci pour la confiance, monsieur Cervantes. De nouvelles responsabilités, de quoi signer le nouveau départ qu'il désirait tant. Que dois-je savoir ? Certes, il savait qu'il avait tout une unité à sa charge et qu'il devait régler cette fameuse histoire. Mais il devait y avoir bien plus et le directeur avait naturellement réponse à cette interrogation.
- Maluma Cervantes
▬ Pour faire simple… - il porte une autre clope à ses lèvres et l’allume avant de profiter de son poison - … beaucoup en veulent à mon empire dernièrement. Cela a relativement pris assez d’ampleur pour qu’un détective privé venant de Sinnoh ne soit embauché pour m’épauler dans l’exercice consistant à débusquer les vipères désireuses de gober mes oeufs si chaudement gardés.
Il parlait de Loghan, oui. Le Cervantes avait mis moins de temps à contacter cet étranger plutôt que Yaël. Peut-être était-ce car il désirait des résultats à court terme avant de s’assurer d’une stabilité sur le long terme. Allez savoir.
▬ Vous aurez tout le loisir de traiter de ce genre de choses avec lui, son nom traîne quelque part dans les dossiers en cours. - il se met à avancer en invitant le Louissaint à le suivre, le faisant alors découvrir le secteur de la sécurité - Vous aurez à votre disposition des moyens conséquents ainsi qu’une trésorerie permettant bien des fantaisies.
Un sous-fifre venait fournir à son nouveau responsable une tablette dans laquelle il pouvait trouver tout ce qu’il avait à savoir. Illustrations, archives, différents pôles et leur responsable etc. D’autres informations superflues telles que l’histoire de l’entreprise y étaient présentes, pour la belle image. Mais avant cela, il se devait de remplir quelques formulaires dessus. Choisir un mot de passe, un nom d’utilisateur et si il était un peu coquet : une image de profil. Ainsi, il aurait accès à des données que seuls Maluma et lui pouvaient voir. Aussi et contrairement aux autres directeurs de pôle, lui avait accès à l’entièreté du réseau de l’entreprise. Efficacité obligeait.
▬ Une poignée d’importuns me donnent du fil à retordre depuis un moment. Honnêtement, si je pouvais régler ce problème avec une disparition éclair, je l’aurais fait depuis bien longtemps. - il inspire fortement - Mais j’ai bien peur que cela n’implique des personne plus puissantes que moi à l’heure actuelle. - il sourit, en partie bienheureux d’avoir finalement choisi le Louissaint pour ce poste - C’est pourquoi j’ai besoin de quelqu’un qui sait y faire différemment.
Le temps filait et il ne pouvait revenir une fois consumé. Il fallait être efficace.
▬ Je me vois malheureusement dans l’obligation de retourner à l’exercice de mes fonctions. - il passe sa tablette en mode veille - Une enquête est en cours mais tout est déjà sur ce que votre subordonné vous a amené juste avant. - avant de partir, il se permet de préciser quelque chose - Plus votre travail sera qualitatif et plus vos primes suivront. À ce titre, vous serez sûrement approchés par bien des entreprises ou même des hommes et des femmes d’influences dans l’optique de vendre vos services. Ne vous étonnez pas de cela, même le monde des ombres est petit.
Un entretien rondement mené, à moins que Yaël n’ait une autre demande spécifique.
- Invité
pour le job
Un détective privé de Sinnoh ? Yaël avait une petite idée concernant la personne. S'il ne faisait pas fausse route, cette nouvelle était plus que bonne ; il connaissait justement cette personne et s'entendait relativement bien avec. Malheureusement, il n'avait jamais eu l'occasion de travailler avec lui. Pourtant, il semblait plus que compétent et le Louissaint avait la faculté de reconnaître quelqu'un de cette trempe. À force d'avoir exercé avec de nombreux inspecteurs de son propre service et d'autres, il savait différencier les bons des mauvais. Néanmoins, il ne voulait pas s'avancer. Si le directeur parlait bien de cette vieille branche de Loghán, les futurs travaux s'annonçaient d'ores et déjà prometteur. Fort bien. J'ai hâte de découvrir l'identité de cette personne. Oh que oui, il avait hâte.
Un employé légua une tablette au Louissaint. Il n'attendit pas plus que ça pour remplir le formulaire adéquat ; son identité était rentrée ainsi qu'un mot de passe suffisamment sécurisé pour éviter une fuite idiote. Concernant la photo, il préférait s'abstenir pour le moment. Parfait. Nous ne pouvons que faire preuve d'efficacité avec autant de ressources. Une main d'oeuvre à sa disposition et des moyens technologiques. Que demander de plus ? Yaël était enfin de retour dans ce qu'il faisait de mieux et il avait plus que hâte de passer à l'attaque.
Un premier sujet fut présenté au nouveau directeur du pôle sécurité. Des hommes plus puissants que le directeur ? Voilà une histoire intéressante. Si des personnes au-dessus de lui cherchaient à l'atteindre d'une quelconque manière, c'est qu'elles étaient conscientes de son potentiel et de sa dangerosité. Très bien monsieur. Je vais me renseigner plus en profondeur et me mettre au travail. Vous serez tenu au courant lorsque les avancées mériteront votre attention. Autrement dit, il ne risquait que d'être prévenu au moment de la réussite. Tant que je suis ici, mes services resteront ici. L'idée d'aller voir ailleurs ne m'enchante pas réellement. C'est un nid à problèmes. Cela risquait plus de créer des conflits d’intérêts qu'autre chose. Je vous remercie encore une fois, monsieur. Une première étape de son nouveau départ venait d'être accomplie.
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