- Maluma Cervantes
Quelqu’un en voulait à son empire - chose très fortement habituelle.
Mais ce quelqu’un sait comment faire mal et il ne sait pas de qui il s’agissait. Le temps ne lui permettait pas de trouver ce malotru qui osait s’en prendre à ce qu’il avait sublimé depuis qu’il avait repris la tête de la compagnie. Et c’était un énorme problème, une épine dans le pied d’une taille considérable. Dans ce genre de situation, il ne pouvait se permettre de faire confiance à qui que ce soit.
C’est pourquoi il avait exceptionnellement fait appel à un détective privé. L’homme se voulait discret (de ce qu’en avait compris le directeur) et semblait efficace. N’ayant aucunement besoin de vérifier la véracité des dires de celui-ci, il l’avait tout simplement convié dans son domaine. Le monopole sur la région devait être gardé à tout prix. À tout prix.
Le secrétaire annonçait via un interphone sophistiqué que la personne désirée était arrivée.
▬ Bien, laissez-le entrer Maria.
Et quand la porte s’ouvrait, il accueillait l’individu avec tout ce qui faisait du Cervantes celui qu’il était. Du vin par-ci, des mets un peu trop chers pour être mangés par-là et une décoration que l’on ne trouvait que sur des comptes Pokestagram populaires.
▬ M. HRÆFNWULF, je vous merci d’avoir répondu et fait au plus vite.
Ses mains invitaient l’étranger à se mettre à l’aise. Après tout, travail n’était certainement pas synonyme de manque d’hospitalité. Bien au contraire. Tout était déjà présent sur le bureau et rien n’était caché à Loghan. Et pour cause : Maluma était à court de solutions.
▬ Comme j’ai pu vous mettre au courant au téléphone mais aussi dans le mail que je vous ai envoyé l’autre jour, l’état de l’avancement de mes recherches n’est pas des meilleurs (pour ne pas dire complètement à la ramasse).
Une de ses mains venait se perdre sur son propre menton, il se voulait pensif.
▬ Ce plan… - en regardant l’un des éléments présents et mis à disposition de l’inspecteur de renom - il représente le domaine Cervantes. J’ai coché les endroits que j’ai inspecté moi-même mais je n’ai rien trouvé de concluant à part des traces de pas sans intérêt.
La propriété était assez grande, il n’avait pas pu regarder partout mais il s’était assuré que les plans des secrets de son business n’aient été souillés, qu’aucune porte ne soit piratée ou forcée etc. Des mesures de précautions de base mais qu’un homme du calibre de Loghan pouvait sans doute surpasser.
▬ C’est bien la première fois que j’ai à faire à une urgence de ce type. Avez-vous un modus operandi pour ce genre de situation ? Des conseils ou bien quoi que ce soit d’utile ?
L’empressement se faisait ressentir mais sans que ce soit précipité pour autant, peut-être était-il préférable de recadrer la situation. Ne serait-ce que pour être plus efficaces pour la suite. Il n’attendait que l’avis du détective pour tout ça.
- Loghán K. Hræfnwulf
D'une irrévérence... ophidienne !
Pour un hyperactif, le pire ennemi, c’était l’ennui… Or, l’Hræfnwulf était un tantinet hyperactif très donc vite, il lui fallait trouver de quoi se dépenser. De plus, son travail lui manquait, il hésitait encore à entrer dans la police, et c’est pourquoi, pour ne pas perdre la main, il avait laissé une annonce offrant ses services de détective de l’armée à ceux qui le nécessiterait, contre une rétribution bien sûr. Doutant de la grande légalité de la démarche, il préférait néanmoins ne pas être trop affiché pour cela. Il y a quelques jours malgré tout, un homme d’affaire était entré en contact avec lui pour une enquête, Maluma Cervantes. Cervantes, comme les jus de fruits du même nom, c’était le pdg du groupe. C'était aussi lui dont avait parlé Yaël, ce qui acheva de te convaincre. D’après la communication qu’il avait entretenue, son domaine connaissaient un gros problème à même de déstabiliser et mettre en péril sa société. S’agissait-il d’espionnage industriel, ou d’autre chose dans ce genre, Loghán n’avait pas eu tous les détails, mais ça y ressemblait bien. Possible fuite de documents, des vols sur la propriété et autre, annonçant le pire, même si les faits, restaient assez flou. Cependant, un homme d’affaire du calibre de celui qui l’avait contacté ne l’aurait pas fait pour rien. Sans doute que ce Maluma, souhaitait agir de façon discrète. Rendez-vous fixé, le corbeau légèrement en avance avait à peine attendu.
Il fut accueilli dans un bureau au standing peu humble. Pour appartenir à une famille de la noblesse, l’Hræfnwulf connaissait bien ce genre de chose, malheureusement ou heureusement pour le Cervantes, cela n’avait pas d’influence sur le borgne. Il n’y prêta donc en apparence pas le moindre intérêt, dans les faits, il avait tout de même analysé de son œil vif et alerte l’ensemble du bureau sous toute les coutures.Je vous en prie.
Le loup s’approcha avec sa béquille, restant debout devant le bureau recouvert de chemises bien remplies, et de dossiers. N’aimant guère trainer en longueur sur les détails, Loghán se contentait d’écouter avec attention en acquiesçant. Il tira à lui le dit, qui reposer dans une chemise pour le consulter, feuilletant les documents à la suite, il commençait déjà à réfléchir.Je vois. Hum. Ceci, c’est bien un dossier contenant les profils de tous vos employés ? L’intitulé du dossier était assez explicite, mais le corbeau préférait s’assurer que tout y était. Il poussa en réponse le dossier vers le Cervantes. Il faudrait que vous en fassiez trois piles, voire quatre. Je peux ? demanda-t-il machinalement en se saisissant d’un stylo de la main gauche pour noircir la feuille vierge d’un bloc note de ce qu’il attendait. C’est une étape importante.
La première pile, vous mettrez ce qui pour vous, sont en dehors de tout soupçon, si possible, de celui en qui vous avez le plus confiance, en celui qui vous en inspire un peu moins. Vous ferez de même pour les deux suivantes, à savoir, celle de ceux que vous considérez comme totalement insignifiant, et la dernière, ceux en qui vous n’avez aucune confiance et qui vous paraisse suspect.
Loghán eu un sourire carnassier. Il se doutait bien des raisons de la tête que faisait l’homme devant lui, du moins, il les supposait avec aisance.Je me doute bien que dans une société comme la vôtre, il y a un tas de gens que vous ne connaissez absolument pas… Il regarda Maluma comme s’il voulait lui arracher la suite de sa phrase du regard. D’où la quatrième piles. Vous pourrez y laisser tout ce que vous ne connaissez pas, et en faire ce que vous voulez pour le moment. Je ne peux pas croire que cela ne vient pas de quelqu’un qui ne vous connaisse pas, un minimum du moins. Il faut toujours se méfier des serpents. Wa-watch out for the snakes, comme me disait feu ma grand-mère.
Pourquoi pensait-il cela ? le Cervantes c’était chargé lui-même, jusqu’à présent, de mener son enquête. Il n’avait rien trouvé, à part comme il l’avait dit lui-même, des éléments insignifiants. L’hypothèse la plus probable s’orientait donc vers quelqu’un qui connaissait Cervantes, et un minimum de sa façon de penser. Ce dernier interrogea d’ailleurs le corbeau sur la suite des évènements.Tout d’abord, sachez que vous vous n’y êtes pas extrêmement bien pris… Son ton était sérieux, il se tourna de profil pour avancer vers la fenêtre. Tout bon enquêteur se muni de laine et d’épingles, d’un tableau blanc, ou pour les plus modernes, utilisent une fenêtre. Ainsi, les murs de le bureau devint l’enquête. C’est bien plus facile pour s’y retrouver… Finalement, le ton avait rapidement basculé vers le sarcasme.
Le loup frottait ses mains laissant pendre sa béquille au bras, avant de se retourner en souriant vers le brun.Non, vous avez fait ce qu’il fallait. J’aimerais que vous m’en disiez plus sur les faits pendants que vous faite le tri. Je crois avoir saisi qu’il fallait ne pas perdre de temps. J’étudierais le haut de chaque pile, et nous irons voir les plus suspects à mon sens. C’est approximatif, mais ce sera le plus rapide, et on apprendra forcément des choses. Avec ma tête de barbouze, c’est drôle mais… Les gens trouvent vite l’envie de se confier. Il souri une nouvelle fois, et leva sa béquille pour pointer la sorte de buffet bien garni. Il y a du bourbon ?
Finalement, il récupéra une autre chemise fruit des recherches de Maluma, pour la consulter avec attention, toujours débout, le grand bonhomme ne semblait guère avoir envie de s’assoir.
- Maluma Cervantes
▬ Je comprend.
Il commençait alors à trier les dossiers, cela allait plus vite que prévu à vrai dire. Il ne faisait confiance en personne si ce n’est lui, sa femme et ses propres parents. Etant fils unique, le reste de sa famille n’étaient que des personnes qu’il connaissait bien, pas vraiment des proches au sens propre du terme. Le Cervantes était difficile à approcher, en affaire comme en relations sociales. Le premier tas était très rapidement créé.
▬ Tout cela a débuté il y a peu. - comme l’a demandé le détective - Il faut savoir que mon entreprise a fait fortune grâce à de savants mélanges et un processus de macération unique des baies que nous récoltons. - en triant les papiers et chemises - C’est donc tout bonnement naturel que la confidentialité de leur nature (les recettes) reste secrète.
Quant au second… la quasi totalité de ses collaborateurs proches y était consignée. Ils n’avaient clairement pas les épaules pour s’en prendre à quelqu’un du calibre de leur chef suprême. Surtout en ayant écouté certains bruits de couloir pouvant le dépeindre comme étant quelqu’un qui… faisait disparaître les gêneurs un peu trop doués pour être des gêneurs justement.
▬ À mes yeux, le contrôle est à la base du fonctionnement opérationnel d’un groupe de personne. L’utopie de la confiance n’est plus une option viable depuis… - un léger instant où il cesse de créer les piles ; son regard se tourne pour croiser celui de Loghan - .. eh bien toujours. - il reprend son activité - C’est donc pourquoi je garde un œil sur plus ou moins tous ceux que je côtoie. Et lorsqu’il s’agit des personnes qui veillent sur mes recettes et les laboratoires de la Campania Cervantes, je suis plus pointilleux et méfiant que jamais.
La troisième pile était déjà plus fournie que la première : tous les actionnaires étaient présents, en plus des gardiens de recette et des scientifiques à sa botte. Mais très honnêtement, malgré sa paranoïa, Maluma parvenait à avoir un peu de clarté d’esprit. Inconsciemment, il les avait classés par degré de confiance. Certains avaient leur dossier accompagnés d’une note écrite du PDG, d’autres non. Le détective pouvait dès lors en faire ses propres déductions sur le mental de son interlocuteur. Rien d’étonnant sûrement, les hommes de pouvoirs se devaient de constamment se méfier des autres. Un fardeau comme un autre à porter, il fallait simplement ne pas risquer de péter un plomb dans l’exercice des fonctions.
▬ Deux d’entre-eux échangent parfois leurs horaires. Rien de grave me direz-vous. Seulement voilà, j’ai tendance à réfléchir un peu trop. Leurs échanges ne faisaient aucunement sens. Lorsqu’un père de famille décide de travailler un dimanche contre le samedi soir d’une celibataire plutôt sulfureuse… Je pense aux possibilités. Une urgence ? - il souffle du nez - Rien à signaler de leur côté, aucune maladie ou décès. Rendre service ? Je ne crois pas en la bonté humaine, et encore moins chez ceux qui touchent un salaire mensuel à cinq chiffres. - son regard se perd dans les écrits - Ma conscience me fait dire qu’on les y a possiblement poussés, d’une manière ou d’une autre.
Finalement, le quatrième tas était formé. Le restant de l’entreprise était placé dans ce dernier. Personne de notable ne pouvait ressortir de ces derniers, pensait-il. Les petites gens n’avaient que trop à faire à régler leurs petits soucis, à essuyer le bout de leur nez pour mieux voir devant eux et ne pas tomber en sortant de chez eux. Ces fourmis ne l’inspiraient guère, un possible dégoût pouvait même en découler en en parlant.
▬ Mais c’est tout ce que j’ai pu trouver. Jamais je n’aurais envoyé quelqu’un les filer, la confiance ne règne pas chez moi. Et le temps me manque cruellement, il faut bien que quelqu’un prenne des décisions sensées pour continuer à faire tourner cette entreprise. - son bras se détourne élégamment pour indiquer la position du breuvage demandé - Bien évidemment, prenez toute la bouteille si vous le désirez détective. - il reprend son explication - Honnêtement, il y a sans doute des éléments plus intéressants que ceux que j’ai pu vous soumettre mais je n’ai pas pu tout prendre en compte.
Le Cervantes prenait sa tablette en main et après quelques tapotages qu’il n’avait que trop l’habitude d’enchaîner, l’imprimante sur le bureau commençait à sortir des documents auxquels les responsables de chacun des pôles de son entreprise et lui seuls avaient accès. Il s’agissait de tous les emplois du temps ayant été changés au cours du dernier mois, fourchette de temps durant laquelle les soupçons avaient commencés de la part de Maluma. Mais le mal avait peut-être débuté son oeuvre avant ou d’une toute autre manière.
▬ Vous devez savoir que parmi les actionnaires, trois ne me sont d’aucune sympathie et vice versa. - il pointe leur photo du doigt - Chacun d’entre eux me voue sans doute une haine viscérale. - c’est peu dire - La première s’est vue refusée la moindre approche sentimentale devant tout le conseil d’administration et cette hystérique fait depuis des crises incompréhensibles. -ah, les femmes - Le second essuie échec sur échec, je refuse toutes ses propositions et je ne vous cache pas l’avoir humilié un nombre incalculables de fois tant son incompétence m’horripile. - le pire d’entre tous, celui qui n’est pas à sa place et permet de se plaindre - Quant au troisième… C’est un cousin qui a tenté trois fois de m’évincer de ma propre entreprise pour en prendre la tête, sans jamais réussir. Récemment, je n’entend plus parler de lui mais vous savez comme moi qu’il faut se méfier de l’eau qui dort.
Le topo était un peu fouillis mais l’enquêteur avait désormais approximativement la même vision des choses que lui, ou tout du moins, la connaissait. Une ultime parole en s’allumant une clope.
▬ Je me dois de vous informer que cette enquête risque de mettre en cause des hommes puissants comme des sénateurs ou bien des personnes hauts placées dans des entreprises ayant aussi le monopole de leur domaine. - un rictus s’affiche sur son visage - Que le monde est petit.
Et oui.
- Loghán K. Hræfnwulf
D'une irrévérence... ophidienne !
Le señor Cervantes ne se fit pas prier pour passer à l’action, après tout, il n’y avait pas une minute à perdre dans cette affaire. Loghán espérait beaucoup de ce classement, qui lui permettrait d’identifier les failles possibles de la campania Cervantes. De façon très efficiente, le brun expliquait les détours du problème en continuant son tri. Le premier tas semblant achevé, et assez minime voire inexistant, l’ex-militaire s’en saisi. Malgré son œil désormais unique, il avait appris la lecture rapide : ses parents, sa femme. C’était en tout est pour tous les seuls personnes qu’ils avaient classées dans cette pile. Un sourire s’esquissa sur le visage du corbeau, il aurait dû se douter que celle-ci ne donnerait pas grand-chose, il reposa ce tas-là, continuant d’écouter le récit de Maluma. Il ne put s’empêcher d’intervenir, amusé.Si vous êtes si méfiant, pourquoi moi ? Je suppose que votre côté pointilleux vous aura poussé à vous renseigner sur ma personne avant de faire appel à moi. Il eut de nouveau un soupir amusé. À la vue de mon dossier, non sans accro, je ne sais pas, mais à votre place, je ne suis pas sûr que je me serais choisi… Alors pourquoi moi ? Répéta-t-il intrigué.
La troisième pile gonflait pas mal, même si le loup ne se faisait pas d’illusion, il avait espéré qu’elle soit plus épuré. À l’écoute des soupçons concernant employés, Loghán tiqua.Je ne sais pas pour cela, commença-t-il en réponse à Maluma. Toujours que pour ma part, ce en quoi je ne crois pas, ce sont en les coïncidences dans le cours d’une enquête. Puis-je voir leur dossier ?
Il s’était de nouveau approché du bureau pour récupérer ces derniers.Madame Bonnichon… et Monsieur Letocard… Ça… Ne s’invente pas.
Après s’être imprégner de leur dossier, il reposa ceux-ci, et puisqu’il l’avait demandé, le Cervantes lui indiqua le bourbon.Un fond de verre me suffira… Dans le fond, ce n’est peut-être pas plus mal ainsi vous savez, dit-il en servant le verre. Ils ne sont sans doute pas étrangers à l’affaire, même si c’est trop tôt pour le dire, et de ce fait, ils doivent être sur leur garde, s’ils s’étaient rendu compte de quoi que ce soit de vos soupçons, ils auraient pu effacer leur trace, conclut-il en prenant des glaçons.
Ce qu’indiqua Maluma confirma ce que s’imaginait l’enquêteur, s’ils étaient mêlés à l’affaire, les deux personnes sus-citées, n’étaient probablement pas les instigateurs du complot. Il consulta les horaires fraîchement imprimés pour se faire une idée.Et lui, qui est-ce, ce Monsieur Tomasse ? Il semble avoir une activité erratique. Quelques chose dans sa santé le justifie ?
Ce n’était pas forcément suspect, mais tout de même. Cela pouvait laisser à penser qu’il avait un autre projet professionnel à côté, ou quelque chose de cet ordre. Le Cervantes présenta de nouveau suspect pouvant tout à fait être les cerveaux de l’affaire, ou des intermédiaires. Le cousin attirait bien sûr beaucoup l’attention.Vous avez raison ma foi. Votre cousin correspondrait bien au profil cherché, à moins que ce ne soit ce que l’on veuille nous faire croire pour nous faire perdre notre temps. J’aimerais vérifier deux trois choses, avant de m’attarder sur leur cas.
Le cervantes s’apprêtait à fumer, Loghán pris une gorgé d’alcool en l’écoutant, avant de répondre en reprenant ces mots.Eh bien je me dois vous répondre que depuis mes cinq ans, où j’ai, je dois le reconnaître, pas si fortuitement que cela, vomi puis donné un coup très mal placé à quelqu’un d’un peu trop bien placé… Je n’ai guère cessé de faire preuve d’une certaine irrévérence à l’égard de ce monde auquel je suis censé appartenir d’après ma chère mère.
Il ne comptait plus le nombre de fois où cette dernière avait cru utile de rappeler son rang de noble et son nom.En bref, peu m’importe. De toute façon, vous devez déjà le savoir. Pour l’heure, il serait temps de s’occuper de vos employés du moi, dit-il ironiquement. Ils travaillent aujourd’hui ?
J’aurais souhaité, si possible, que vous téléphoniez à Madame Letocard, j’ai bien dit Madame, mais sans donner la vraie raison de l’appel. Vous n’aurez qu’à le faire en hautparleur, j’aimerais entendre sa réaction. Il faudrait une excuse pour lui parler de l’horaire que son mari a changé. Si elle est dans le coup, elle sera sans doute trop prise de cours pour trouver un bon mensonge, dans le cas contraire, mettre de l’eau dans le gaz sera parfait pour qu’elle déballe des infos sur son époux. Vous me suivez ? Si c’est dans vos cordes, je vous laisse faire. Je veux étudier les piles que vous m'avez faite.
Loghán pris dans sa veste l’honor-ball de Noah, interrogeant du regard pdg pour être sûr que sa présence ne dérangerait pas. Ne cherchant cependant pas vraiment un accord, il se permit de faire sortir le pokémon dans tous les cas.Noah, j’aimerais que tu te rendes ici, dit-il en indiquant sur la carte que le Cervantes maniait au début de l’intervention. Fouille un peu, et vois si tu trouves quelques choses de suspect.
Ni une, ni deux, le pokémon s’était exécuté. Le lieu n'était pas parmi ceux privilégiés par le Cervantes, mais Kansuke avait bon espoir.Dès que vous aurez passé cet appel, je vous propose de faire venir cette Madame Bonnichon dans votre bureau, nous verrons si elle souhaite se confesser.
- Maluma Cervantes
▬ Oh, vous savez. - il recrache la fumée en se dirigeant vers une des fenêtres de la pièce - Cette place aurait pu être occupée par bien des hommes et des femmes. J’admet avoir fait preuve de discrimination… positive ? - il laisse la cigarette se consumer en observant le domaine depuis son piédestal - Nérova est un territoire assez spécial, au même titre que tous les autres. - il se tourne, amusé à son tour - Personne ne plaindrait votre disparition, aussi subite et étrange pourrait-elle paraître, M. Hraefnwulf.
La vérité ne sortait pas toujours de la bouche des enfants.
▬ Les coïncidences sont un concept inventé par ceux qui sont incapables d’avoir le contrôle absolu sur leurs œuvres. répondait-il à la volée.
Quelles belles paroles. Cela concernait tout le monde, personne à part Dieu n’avait le contrôle absolu sur ses actions. Enfin… Pour l’instant.
▬ C’est bien possible. Après - il fume un coup - si vous voulez mon avis, on peut sans doute jouer avec cela. - il déplace sa carcasse jusqu’au bureau ; là, il tapote un peu sur le clavier tactile pour faire apparaître un dossier plus ou moins massif (tout est relatif comme on dit) - Il m’arrive de changer subitement de comportement ainsi que mes habitudes pour pas grand chose. Tenez, il n’y a pas encore trois jours, je laissais croire à quelques gros poissons de l’agroalimentaire que des contrats pouvaient voir le jour. - de bien beaux profits en perspective - Et puis, plus aucun regard ou la moindre parole. Tout ça pour quoi ? - il rit légèrement - Parce que ma femme ne veut plus me faire de flan le jeudi soir.
Cela n’avait pas beaucoup de sens mais cela aiderait sûrement pour l’enquête. Personne ne comprenait jamais les sauts d’humeur du président, les plus anxieux (plus que d’habitude, du moins) se verraient sans doute être de fabuleux suspects.
▬ Monsieur Tomasse ? - il hausse des épaules - Il a toujours voulu me ressembler mais disons que… - sa tête s’agite, mimant le fait de chercher une réponse ; il se rapproche pour chuchoter, inutile mais c’est marrant pour lui - … ça ne lui a jamais réussi. en même temps, ses bonnets sont vraiment de mauvais goût. - il soupire - Je pencherais plutôt pour une belle dépression en bon raté qu’il est si jamais son état de santé est en jeu.
Un peu d’humour ne faisait jamais de mal. La vérité était sans doute que l’homme ne pouvait rien refuser à une collègue de travail, bien qu’étant mariée. Il fallait dire que sa femme n’était pas… Eh bien… des plus désirables. En écoutant les dires du détective, le Cervantes attendait que quelque chose de plus intéressant que ses histoires d’enfance vienne sur le tapis. Chose que l’étranger ne mit point longtemps à faire.
▬ Oui, sans doute. - il redresse son costume, l’air un peu faussement amusé - À moins qu’aujourd’hui aussi, ils n’aient décidés de se jouer des règles de cette compagnie. Je vous suis parfaitement. - sans aucune préparation, il lance l’appel au domicile de Monsieur Letocard - Ça sonne. - effectivement ; quelqu’un répond finalement ; il prend un air enjoué - Madamae Letocard, comment allez-vous ? - blabla habituel s’en suit - Hahaha, quel homme ce Yannick, Yan’ comme on l’appelle par ici.
Que de légèreté dans sa voix, elle se mit à raconter une anecdote bien peu intéressante avec un ton de voix un peu trop… racoleur.
▬ Oui ah mais complètement, je suis d’accord avec vous. - il reprend peu à peu le contrôle de l’appel sans la brusquer, puis enfin - Oui, justement. En parlant de ça, vous m’y faites penser, vous êtes sûrs que ça ne vous dérange pas que Yan travaille avec Madame Bonnichon ? - elle assure que non - C’est bien ce qui me semblait, vous pouvez lui accorder votre pleine confiance même lorsqu’il dîne avec au beau milieu de la semaine. - un léger silence, un petite hésitation ; elle précise que leur dîner a eu lieu un vendredi et non un mercredi - Hum, pourtant j’ai une note de restaurant ici… Bon, ce n’est pas un point important ! - il enchaîne pour ne pas lui laisser le temps de réfléchir et ainsi boire ses paroles - Quand il est parti hier après son service vers quinze heures - il se termine en vérité vers dix-sept heures -, je l’ai trouvé un peu… bizarre et j’avoue m’inquiéter pour lui. - un silence durant quelques instants - Est-ce que tout va bien pour vous ?
Elle se mit à bégayer et après un certain moment à échanger, elle admit avoir des doutes et parla même d’un numéro que son mari avait noté sur son agenda sans mettre de nom à côté et qu’il y accordait une importance toute particulière, il était complètement obsédé sans raison apparente. Quel était-ce ? Maluma le nota en même temps qu’il l’entendait : 20.8.5 - 19.14.1.11.5 - 9.19 - 20.8.15.13.1.19.19.5. Il se mit à froncer des sourcils en arrêtant d’écouter les explications plus que farfelues de la femme qui se faisait des films en tout genre. Après l’appel, le basané soupira fortement puis se remit à profiter de sa cigarette en observant la suite de chiffre.
▬ Ça m’a tout l’air d’être un message codé. - bravo Sherlock - Vous sentez-vous capables d’en venir à bout ?
Le militaire commençait à avoir du défi et cela ne faisait sans doute que commencer car Madame Bonnichon prenait un temps fou à répondre au téléphone...
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